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Crédule comme ne le sont plus aujourd'hui que certains socialistes nostalgiques du gouvernement Jospin, j'écrivais il y a quelques temps que " la gauche réformiste social démocrate n'avait plus que deux choix possible : Se fondre à terme dans une alliance cette fois ouvertement au service du capital et du Medef (le parti socialiste français rejoindra-t-il l'UMP ou va-t-on mettre en place un système électoral permettant l'alternance au pouvoir entre ces deux partis siamois ?) ou procéder à un changement de cap historique et assumer le rôle de parti politique des travailleurs et du prolétariat en mettant en place un ambitieux programme de redistribution des richesses et une politique " vraiment à gauche " qui se démarque formellement et dans les faits de l'idéologie capitaliste, même camouflée sous ses nouvelles appellations : Libéralisme, néolibéralisme, " Naïf, hein? Je vous l'accorde J'ajoutais toutefois que si c'est " la première alternative qui est choisie (et avec des cadres du P.S. comme DSK ou Fabius, on ne voit pas comment il pourrait en être autrement), la porte est grande ouverte pour l'arrivée sur la scène politique d'un grand parti populiste d'extrême droite " Ces dernières élections (régionales 2004) confirment bien, comme on pouvait s'y attendre, les limites de la gauche " électorale " (PS, PC, LO, Les Verts, LCR ) et plus globalement la mort de la " politique " de gauche (à supposer qu'elle ait un jour existé). Certes, tous les " analystes " parlent d'une incroyable victoire de la gauche, qui contrôle en effet " toutes les régions sauf deux. " Mais qui a gagné, lors de ce scrutin ? Ceux qui comme moi avaient un instant eu l'audace (ou la bêtise) de croire à un sursaut "citoyen" des Français après le premier tour des présidentielles 2002 n'ont pu qu'assister impuissants à une propagande omniprésente ayant pour but de culpabiliser les électeurs qui s'étaient temporairement défait du consensus selon lequel chacun est sensé voter "utile" pour la moins pire des solutions et qui avaient laissé leurs idées et leur volonté de changement guider leurs choix dans l'isoloir : Les citoyens "de gauche" qui n'ont pas voté pour Jospin étaient désignés comme les responsables d'une situation humiliante (ne parlons même pas des abstentionnistes!) : Par leur faute un butor raciste et haineux arrivait à se qualifier pour le second tour des présidentielles françaises!
Dénigrés, diffamés, accusés, la plupart de ces derniers sont vite rentrés dans le rang : La puissance de l'appareil médiatique est décidément impressionnante ! Lors des régionales, ils ont massivement voté pour ceux qu'ils avaient chassé du pouvoir deux ans auparavant : Un "vote sanction" à l'encontre du gouvernement Raffarin, pour montrer qu'on n'adhère en rien à sa politique. De la même façon qu'ils avaient sanctionné le gouvernement Jospin deux ans plus tôt La gauche, privée de second tour lors des élections présidentielles, humiliée lors des législatives qui lui ont suivi, se retrouve à la tête de la quasi-totalité des régions françaises sans avoir eu à proposer la moindre idée, la moindre proposition concrète, pas même le début d'un semblant de programme politique Pire, ils soutiennent la plupart des mesures du gouvernement Raffarin contre lesquelles se sont mobilisés les Français (Retraites, Sécurité,...) Alors qui a gagné, lors de ce scrutin ? Qui est à la fête ? Le gouvernement reste sur la même ligne : Privatisations, remise en cause des systèmes de solidarité nationale (après les retraites, la Sécu). Ils auront cependant du mal à privatiser autant que ne l'a fait le précédent gouvernement "socialiste" Sans doute gardent-ils l'espoir de pouvoir au moins égaler ce record historique établi par l'équipe Jospin. La droite met sa défaite sur le compte d'un manque de communication ! J'entends Chirac dire sur les radios avoir fait les bonnes "réformes" mais ne pas les avoir bien expliqué aux Français Les sourds ont parfois bien de la chance Les socialos, eux, renouent talentueusement avec le rôle d'opposants démagogiques sur lequel repose notre système d'alternance: "Dénoncer et promettre". Mais pas trop, on ne sait jamais, on pourrait revenir aux commandes plus vite qu'on ne le pense Une seule ligne : S'opposer. "Se positionner en contre" et essayer de séduire les citoyens désorientés qui malgré le fait qu'ils rencontrent de plus en plus de points de désadhésion avec notre système, continuent de le légitimer en votant, n'osant pas encore véritablement "décrocher", "sauter le pas" et rompre avec un système social qu'ils dénoncent pourtant quotidiennement. Alors, hein ? Qui donc a gagné, lors de ce dernier scrutin ? Qui est réellement à la fête ? Les " décrochages " sont de plus en plus nombreux. De plus en plus de français "sautent le pas", renoncent à leur vie insatisfaisante de salariés et "vivent autrement plutôt que de se battre pour changer [une] société" dont ils n'arrivent plus à cautionner les dégâts, tant écologiques que sociaux. Se dessine paisiblement "l'élaboration d'une multitude de pratiques" (Florence Aubenas et Miguel Benasayag), se met lentement en place un "réseau de résistance qui respecte la multiplicité" des expériences et des pratiques (Collectif Sans Tickets - http://cst.collectifs.net/article.php3?id_article=109). Comment les citoyens peuvent-ils se positionner vis-à-vis de cette nouvelle forme de contestation qui semble lentement mais sûrement se construire de part et d'autre de l'atlantique et du monde ? Vont-ils sortir de leurs postures individualistes pour tenter de se fondre dans la pratique contestataire? Les opposants réformistes vont-ils passer du "devoir-être [contre]" au "devoir-faire" ? Vont-ils continuer à se prêter au jeu du vote et inlassablement légitimer des politiques qui n'ont d'autre choix que d'aménager le capitalisme et défendre les intérêts de la classe possédante ? Voter, c'est voter pour le capitalisme. Cependant un certain défaitisme est très en vogue chez les réformistes qui ressassent inexorablement que "nous ne sommes pas capables de sortir du capitalisme" (Susan George). Ils appellent alors au vote utile
D'autres en appellent à la lutte contre le pouvoir par l'abstention et l'action directe (CNT-AIT - http://cnt-ait.info/rubrique.php3?id_rubrique=58). Ces derniers, sans aucun doute les plus lucides, renoncent à attendre la mise en place d'un futur moins détestable et décident d'habiter le présent : Rompre avec les serments et les belles paroles qui en appellent au changement par la réalisation d'une utopie future. Agir maintenant, "agir localement" et résister autrement qu'en désignant inexorablement la prochaine mise en place d'une utopie chimérique que serait censé demain mettre en place des hommes politiques bienfaisants et justes. Alléluia !
Qui a gagné lors de ce dernier scrutin : Encore une fois, les seuls véritables vainqueurs de cette farce électorale, de cette mise en scène rituelle de notre prétendue démocratie sont les conservateurs, les défenseurs du système capitaliste qui une fois encore ont réussi à faire croire au plus grand nombre que le seul moyen d'avoir une emprise sur leur futur (et notre avenir collectif) était de prendre part à la grande mascarade électorale. Il n'y a rien à attendre de la classe politique. Le seul remède à l'injustice, les destructions sociales et écologiques, la logique d'accumulation capitaliste, l'individualisme et le dogmatisme économique qu'on nous présente comme unique réalité et horizon indépassable de notre soi-disant modernité: Vivre autrement, lutter, résister et rejeter le système politique (Arrêter d'aller voter !). Le reste n'est que ressassements, radotages et auto-persuasion. ESPOIR: Il semblerait que l'abstention progresse
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